Quelles conséquences et quelles perspectives pour l’immobilier tertiaire après la crise sanitaire ?
Quasiment désertés depuis le mois de Mars, les bureaux d’entreprises reprennent peu à peu vie. Mais de nouvelles habitudes de travail ont vu le jour et viennent bouleverser l’organisation des entreprises. En effet, contraintes et forcées, la grande majorité des entreprises françaises s’est vue propulsée dans le monde du télétravail. Du côté des entreprises, si le résultat du confinement est un « bond » vers le futur du travail; pour les acteurs de l’immobilier, il faudra être patient avant un retour à la normale du marché. Le mot d’ordre : s’adapter pour répondre à de nouveaux usages. Heureusement, la fin du bureau tel que nous le connaissons n’est pas pour demain.
La demande placée paralysée par la crise sanitaire
La période de confinement s’est accompagnée de l’interruption brutale des transactions dans l’immobilier tertiaire, conséquence inédite de cette crise, et les chiffres le confirment : 197.500 m2 placés au T2, c’est 65% de moins qu’en 2019 (1). Quant au troisième trimestre, il ne voit pas encore l’activité revenir à son plein régime, car les utilisateurs restent attentifs tandis que les doutes d’une récidive du virus se confirment. La visibilité des entreprises rendue floue, il est difficile d’envisager un rebond du niveau des transactions avant le début de l’année prochaine.
Ce marché paralysé devrait entraîner des taux de vacance hétérogènes en Ile-de-France : en fin d’année, la première couronne Nord et la Défense seraient les plus impactés, entre 12 % et 13 % de vacance ; la première couronne Sud et le croissant Ouest le seraient un peu moins, entre 7 % et 13 % ; tandis que la première couronne Est, Paris Centre Ouest, et le reste de Paris devraient être plus résilients, avec entre 2,7 % et 4,3 % de vacance attendus fin 2020 (1).
L’esplanade de la Défense reprend vie mais reste clairsemée, et, avec les nouveaux modes de travail qui se développent, rien n’assure que l’on reverra la place bondée comme elle l’était encore en ce début d’année.
L’investissement résiste grâce à un premier trimestre record
Le montant investi dans l’immobilier de bureau a également été largement impacté au deuxième trimestre avec l’interruption des chantiers, et s’inscrit en baisse de 58 % par rapport au T2 2019 en atteignant 4 milliards d’euros. Ce sont les très grands chantiers (supérieurs à 300M€) qui sont les plus touchés, ils ne représentent plus que 15% du volume global investi contre 28% en 2019 (2).
Heureusement, grâce à un premier trimestre record (7,4Mds€) le premier semestre affiche un joli bilan avec 11,4Mds€ investis, au-dessus de la moyenne des 5 dernières années (2). Mais le second semestre sera le plus déterminant afin de conclure quant aux conséquences durables sur le secteur.
Est-ce la fin des bureaux d’entreprise?
La crise a prouvé notre capacité à travailler différemment alors que le télétravail s’est imposé à de nombreux secteurs, mais les bureaux demeurent incontournables car ils permettent l’interaction et la collaboration des salariés. Ils devront néanmoins évoluer et s’adapter aux nouveaux usages : ils pourraient bien devenir un « espace de rencontre » flexible donnant à la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) un intérêt de premier ordre. Cela va se traduire par de nouvelles tendances en matière d’aménagement : moins de bureau, et plus d’espaces de convivialité en seront les grandes lignes.
Plusieurs scénarii sont également envisageables quant à l’avenir des sièges sociaux: le multi-sites permettrait une réduction des trajets et l’utilisation de moyens de transports plus respectueux de l’environnement, et les bureaux « flagship » situés dans les quartiers les plus prisés pourraient bien remplacer les bureaux classiques.
Les catalyseurs de ces nouveaux usages seront les opérateurs de l’immobilier qui se retrouvent projetés au coeur des enjeux sociaux et environnementaux. À l’heure de la reprise, ils vont devoir être réactif face à ce marché en pleine mutation afin de relancer la dynamique des transactions.
(1) Source: CBRE
(2) Source: ImmoStat
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